Madagascar Flying Labs: Un Nouveau Mode de Lutte Contre la Malaria
Pour le traitement ciblé des sites de reproduction des moustiques à l'aide d'insecticides organiques, le drone s'est avéré être un outil formidable.
September 25th, 2023
En 2022 et 2023, AerialMetric et Madagascar Flying Labs –ont mis en œuvre un projet ambitieux développé par Abt Associates, dans le cadre du Programme Vector Link financé par le President’s Malaria Initiative (PMI), un programme américain de lutte contre la malaria à l’échelle mondiale. Les techniques classiques de lutte contre la malaria consistent essentiellement dans les moustiquaires et le revêtement des murs intérieurs des maisons d’insecticide. Mais ces techniques sont de moins en moins efficaces car le comportement des moustiques anophèles, responsables de la malaria, a évolué. Les moustiques ne piquent plus la nuit mais la journée, rendant les techniques de protection partiellement inefficaces.
Alors que les territoires européens et américains se sont débarrassés de la maladie grâce à de l’épandage massif et systématique d’insecticide au début et milieu du XXè siècles, le recours à ces techniques d’épandage à large échelle n’est pas envisageable, pour des raisons économiques et pour des raisons sanitaires (dangerosité de l’insecticide). Compte tenu du changement de comportement du moustique, il faut pourtant bien désormais attaquer le moustique lui-même et non plus protéger ses victimes potentielles. Il a donc été imaginé de s’attaquer aux sites de reproduction des moustiques, et de les détruire à l’aide d’insecticide bio. Et, pour traiter de manière ciblée ces sites, le drone est apparu comme un outil crédible.
Un défi analytique : cibler les sites-clés
Le travail de spraying n’est que l’ultime étape d’un travail préalable d’acquisition et de traitement de données. La première phase du projet a ainsi consisté dans la détermination des zones à sprayer. Cette détermination était basée sur un mapping haute résolution des zones cibles du projet. Sur la base de ce mapping et de techniques photogrammétriques avancées, les zones humides, qui abritent les zones de vie et de reproduction des moustiques ont été identifiées.
Sur la base de ces données, sur la base de données éthologiques (comportement du moustique) et sur la base de données démographiques et sanitaires, l’équipe du projet a développé une méthodologie propre visant à définir une quarantaine de sites d’aspersion pertinents.
Un défi humain : l’acceptation des populations
Une fois ce travail d’analyse et de détermination conduit et confirmé par les partenaires financiers de leur volonté de mener à bien le projet, le travail avec les communautés locales, facilité par les partenaires, a été conduit. Asperger des insecticides, même s’ils sont bio et inoffensifs pour la santé, sur des terres agricoles et des rizières, attire naturellement des réticences de la part des habitants locaux qu’il a fallu surmonter. La pédagogie constitue néanmoins un aspect fondamental du déploiement de toute innovation technologique. Dans notre cas, il n’était même pas possible de s’appuyer sur la démonstration de succès précédents, puisque ce projet était une première mondiale.
Un défi logistique : le déploiement des activités
Les sites choisis pour l’aspersion étaient extrêmement reculés et très difficiles d’accès, ce qui a constitué un défi de taille, particulièrement en termes d’acheminement des drones d’épandage sur ces sites. Compte tenu de la moindre autonomie de vol de ces engins, il fallait vraiment être à proximité des sites d’aspersion. Par ailleurs, compte tenu du caractère bio et naturel du produit utilisé, il fallait asperger les sites 2 fois chaque mois, pour une durée de 7 mois. Nous avons opté pour une multiplication des équipes, en charge de sites regroupés dans la même zone. Les matériels roulants que nous avons utilisés ont énormément souffert !
Un succès sanitaire
Les difficultés rencontrées valaient néanmoins les efforts fournis. En effet, l’action s’est avérée un succès total sur le plan sanitaire. Dans les zones aspergées, la réduction observée des larves était comprise entre 96 et 97%.
Madagascar Flying Labs Fights Malaria in a New Way
In 2022 and 2023, AerialMetric and Madagascar Flying Labs will implement an ambitious project that Abt Associates developed. The project is part of the Vector Link Program funded by the President's Malaria Initiative (PMI), a US program to combat malaria globally. Conventional malaria control techniques consist mainly of mosquito nets and coating inside walls of houses with insecticide. But these techniques are becoming less and less effective as the behavior of Anopheles mosquitoes, which cause malaria, has evolved. Mosquitoes no longer bite at night but during the day, rendering protective techniques partially ineffective.
While European and American territories got rid of the disease thanks to massive and systematic insecticide spraying in the early and mid-twentieth centuries, using such techniques on a large scale is not feasible for economic and health reasons (insecticide danger). However, given the mosquito's changing behavior, it is necessary to attack the mosquito itself rather than protect its potential victims. The idea was, therefore, to attack mosquito breeding sites and destroy them with organic insecticides. And, for targeted treatment of these sites, the drone was a credible tool.
An analytical challenge: Targeting key sites
Spraying is just the final step in preliminary data acquisition and processing. The first phase of the project involved determining the areas to be sprayed. This was based on high-resolution mapping of the project's target areas. Based on this mapping and advanced photogrammetric techniques, wetlands, which are mosquito-living and breeding areas, were identified.
Based on ethological data (mosquito behavior) and demographic and health data, the project team developed its methodology to define 40 relevant spraying sites.
A human challenge: public acceptance
Once this work of analysis and determination had been carried out and the financial partners had confirmed their willingness to carry out the project, the partners' work with the local communities began. Spraying insecticides, even if they are organic and harmless to health, on farmland and rice paddies naturally attracts reluctance on the part of local inhabitants, which had to be overcome. Nevertheless, education is a fundamental aspect of deploying any technological innovation. In our case, it was not even possible to rely on the demonstration of previous successes since this project was a world first.
A logistical challenge: deployment of activities
The sites chosen for spraying were extremely remote and difficult to access, presenting a significant challenge, particularly in getting the spraying drones to these sites. Given the reduced flight autonomy of these machines, it was essential to be close to the spraying sites. Furthermore, given the organic and natural nature of the product used, the sites had to be sprayed twice a month for seven months. We opted for multiple teams in charge of sites grouped in the same area. The rolling stock we used suffered enormously!
A health success
The difficulties we encountered were nevertheless worth the effort. The operation was a complete success in terms of health. In the areas sprayed, the observed reduction in larvae was between 96 and 97%.
Overcoming numerous logistical hurdles, this pioneering endeavor has showcased the potential of technology and highlighted the importance of community engagement and education. We look forward to developing more projects like this, demonstrating innovative approaches' efficacy in combating malaria and safeguarding public health.